L’hypnose, c’est presque un gros mot. Un mot qui fait peur, qui impressionne. À cause de deux cents ans d’hypnose-spectacle, ou de fictions dans lesquelles la personne est soumise à la volonté du thérapeute ou de l’hypnotiseur, qui lui fait faire n’importe quoi, sans qu’elle en soit consciente, cette forme de thérapie pourtant bien utile souffre d’une très mauvaise image. Et pourtant, l’hypnose n’est pas du tout ce qu’on croit.
Qui n’est pas un peu effrayé quand il entend ce mot? Qui n’a pas en tête la vision d’un pendule remué devant les yeux du patient par un inquiétant docteur, tandis que les mots « dormez, je le veux » résonnent d’une voix profonde? Qui n’a pas ri ou été fasciné par des volontaires faisant la poule sur scène ou des gens qui tombent instantanément dans un sommeil profond au claquement de doigts du magicien? Et pourtant, tout ceci n’a rien à voir avec ce que l’on pratique en thérapie.
Bien sûr, ces images et scènes ne sortent pas tout à fait de rien. Avant l’invention de la psychanalyse, l’hypnose avait déjà été inventée (par un certain Mesmer !) et était utilisée dans les hôpitaux psychiatriques pour soigner les malades, notamment par Charcot, le professeur de Freud! Les techniques utilisées se rapprochaient alors beaucoup de celles que l’on peut voir sur scène et dans les films. Il s’agissait alors d’endormir la volonté du malade pour la soumettre à celle du psychiatre, qui allait alors lui intimer de manière autoritaire de se comporter différemment. On voyait bien là une relation d’autorité et de soumission. Freud abandonna ces techniques par la suite, non pas parce qu’elles étaient inefficaces ou trop autoritaires, mais parce qu’il lui semblait qu’elles ne cherchaient pas à résoudre le problème de fond du malade. Il inventa alors la psychanalyse où le patient, allongé, mais pas endormi, laissait parler son inconscient par libre association d’idées, tandis que le thérapeute n’intervenait que très peu, sauf pour relancer les associations ou suggérer une interprétation. Cette nouvelle forme de thérapie, destinée elle plutôt aux gens ordinaires (que Freud qualifiait de névrosés!) qu’aux malades psychiatriques rencontra un vif succès et se répandit comme une trainée de poudre, jusqu’à influencer fortement toute la psychologie, au détriment de l’hypnose qui perdit peu à peu de son crédit thérapeutique pour se retrouver sur scène.
Jusqu’à Milton Ericksson qui renouvela complètement la discipline. Grâce à lui, cet outil extraordinaire a retrouvé ses lettres de noblesse. Déjà, il ne s’agit plus d’endormir le patient ni de le soumettre à la volonté du thérapeute. Il s’agit de relaxer la personne jusqu’à un état modifié de conscience entre la veille et le sommeil, où les défenses conscientes et inconscientes diminuent pour rendre l’inconscient plus ouvert et pouvoir dialoguer avec lui. La personne s’évade, comme dans un rêve éveillé, et est davantage réceptive aux visualisations et suggestions du thérapeute. Mais le patient peut revenir à la conscience à tout moment, continue d’entendre la voix du thérapeute de manière lointaine, et peut refuser ce qui ne lui plait pas. Donc, pas question que le thérapeute suggère au patient de faire quelque chose qu’il n’aurait pas envie de faire! Avec l’Hypnose Ericksonienne, vous ne risquez pas de vous retrouver à faire la poule ou de vous mettre tout nu en public! 😉 Les techniques de base sont communes à l’hypnose, la relaxation, le rêve éveillé ou la sophrologie. Il s’agit de dialoguer, de coopérer avec votre inconscient à l’aide d’images, de mots, de scénarios symboliques comme des rêves, ceux-ci étant le langage de l’inconscient. En gros, on lui parle sa langue ! 🙂 Tout cela dans le but de vous sentir mieux dans votre peau et dans votre vie. L’hypnose seule est très utilisée pour guérir des dépendances ou affronter des phobies, par exemple.
J’utilise cet outil dans le cadre de thérapies comme un moyen complémentaire , ponctuel et non obligatoire de parvenir à notre objectif. Cela n’évacue pas la recherche des causes et la compréhension des liens entre le passé et sa vie actuelle, mais par moment, nous pouvons utiliser l’hypnose légère pour débloquer un point, revisiter un souvenir, ou provoquer des modifications de façons de vivre les choses. Par exemple, voir les choses positivement ou reprendre confiance en soi…
