Aujourd’hui encore, j’ai reçu une nouvelle cliente qui vient de faire un burn-out.
Vous me direz, c’est le dernier truc à la mode, tout le monde fait un burn-out.
Pas tout le monde, non, mais de plus en plus de personnes. La faute en est, bien sûr, aux conditions de travail et au management de plus en plus stressants, dans les grandes entreprises en particulier, qui pressent les gens comme des citrons pour les jeter quand ils n’en ont plus besoin. Certes, mais pas seulement. Les personnes qui font un burn-out ont un profil particulier. Je les connais bien, j’en ai fait partie.
Des personnes affligées de fainéantise? Qui cherchent le bon plan pour ne plus travailler? Absolument pas. Bien au contraire, ce sont des personnes qui surinvestissent le travail. Le travail est ce qu’il y a de plus en plus important dans leur vie. Ils adorent travailler, travaillent souvent bien plus que les autres, ne comptent pas leurs heures, ne décrochent pas le week-end ni pendant les vacances, sont toujours joignables, prises au piège de leur passion et de leur sentiment d’importance ou d’utilité.
Des personnes faibles, qui ne supportent pas la dureté du monde du travail? Non, certainement pas. Des personnes fortes, au contraire, qui ne veulent pas montrer leurs failles, qui n’admettent pas d’en avoir, et ne savent pas poser leurs limites. Des personnes qui vont aller jusqu’au bout d’elles-mêmes, et pour peu qu’il s’y rajoute un changement vécu négativement dans les conditions de travail, dans leur vie personnelle, ou une situation de harcèlement, vont finir par craquer.
Parce qu’elles ne sont pas assez fortes? Non. Parce que le monde du travail est sans pitié, et va exploiter les bonnes volontés jusqu’à épuisement, peu importent les conséquences. Et que ces personnes n’auront pas vu venir les signes de fatigue, de ras-le-bol, d’insatisfaction, n’auront pas su lever le pied à temps.
Ensuite, qu’est-ce qui fait que ces personnes n’ont pas écouté les signaux d’avertissement envoyés pas leur corps pour les protéger? Parce qu’elles n’ont pas appris à s’écouter, justement. Parce qu’on leur a toujours dit qu’il fallait se montrer fort, ne pas se plaindre, ne pas s’arrêter au moindre truc ( Bouh! le vilain arrêt maladie!). Et puis, peut-être par peur inconsciente aussi, de perdre son job, d’être déconsidérée, mal vue par ses employeurs.

burn-out, surmenage, craquage…quand le boulot nous fait pêter les plombs
Et qu’est-ce qui se passe? Prises dans le tourbillon constant, ne sachant pas se reposer, s’écouter, se poser, poser ses limites, et s’affirmer en dehors du surmenage, elles finissent un jour ou l’autre par craquer. Et il arrive ce que justement elles craignaient : elles doivent s’arrêter. Elles n’ont plus le choix. Parce qu’elles sont désormais dans l’incapacité de le faire, ayant usé jusqu’à la corde leur dernière parcelle d’énergie, et bousillé leur santé ainsi que leur système nerveux. Et là, et bien la seule chose à faire c’est de recharger les batteries, de réparer ce qui a été abimé et de reconstruire un rapport au travail sain et équilibré.
Hélas, il restera des séquelles, et le temps de reconstruction peut être très long. L’individu ne repartira vraisemblablement pas vers son ancien poste. Ni même peut-être son ancienne entreprise ni son métier.
Une catastrophe? Pas forcément. Car la personne va apprendre à mieux s’aimer, à se respecter, à respecter ses besoins, à se connaître, se reconnaitre et vivre autrement que par et pour le travail. En fait, bien souvent, au terme du processus, les personnes en burn-out s’aperçoivent que cet emploi ou ce métier ne leur convient plus. Et elles mettent en place un nouveau projet de vie beaucoup plus épanouissant. C’est comme cela que l’on voit des cadres de la haute finance ou du marketing se reconvertir dans le bio pour faire pousser des tomates, ou devenir masseuse bien-être!
C’est pourquoi le burn-out, bien que terrible quand il survient, peut se révéler une seconde chance pour la personne atteinte. Une seconde chance de se créer une autre vie qui lui convient vraiment. Une seconde chance d’être vraiment heureuse.
Même si pour en arriver là, elle aura dû traverser l’enfer.
Pour finir, je parodierai Molière dans l’Avare : Il faut travailler pour vivre, et non pas vivre pour travailler! C’est ce que doivent apprendre les personnes en burn-out…